Le journal poétique

Pourquoi une vie créative est-elle une vie heureuse ?
Pourquoi vouloir rendre sa vie poétique ?

On ne le répètera jamais assez : tout le monde est créatif. Même ceux qui affirment le contraire. Simplement, on a parfois une vision trop restrictive de la créativité : ce n’est pas seulement l’art.

Choisir des meubles et des objets pour sa maison, c’est être créatif. Raconter une histoire ou une anecdote, c’est être créatif. S’habiller le matin, c’est être créatif. Jardiner, c’est être créatif.

Créer, comme nous l’indique son origine latine (<creatio, donner de l’existence, amener à la vie quelque chose qui n’existait pas), c’est tout simplement le processus de traduction dans la matière de ce qui se trouve à l’intérieur de nous.

L’humain est créatif depuis qu’il est apparu sur terre et c’est ce qui le rend unique. Et il est créatif depuis sa naissance : quand on regarde les enfants et la manière dont ils jouent, découvrent, explorent, on voit bien que la créativité est innée, naturelle. Et combien elle est la manifestation d’une liberté absolue d’être. L’éducation, finalement, en tout cas l’éducation traditionnelle, vise à domestiquer cette belle énergie créatrice, et finalement étouffer le feu sacré primordial. On tarit la source : en apprenant à rester assis toute la journée sans bouger, en apprenant à « ne pas dépasser », en apprenant à faire les choses en suivant les règles, en apprenant à être rationnel et non plus intuitif, on bloque la créativité. Elle ne circule plus, ou peu.

Alors l’être humain, coupé de sa créativité, n’a plus accès à toutes les ressources qui rendent la vie plus riche. Et qui permettent de se connaître. Pour mieux savoir où on va.

La bonne nouvelle, c’est que la créativité ne disparaît jamais totalement. Les braises ne demandent qu’à s’enflammer, et la source à jaillir, afin de rendre la vie plus profonde. Afin d’être, tout simplement : être soi, trouver sa singularité, trouver sa place. Se créer soi, comme Pygmalion donne vie à Galatée. Mon objectif est de vous y aider, en vous proposant un programme modulable de livrets d’activités poétiques.

*

J’écris, et j’ai longtemps cru que ma créativité ne s’exprimait que par l’écriture. Ce qui était déjà beaucoup. Et j’avais aussi cette chance de ne pas être bloquée : que ce soit un journal, ma thèse et des textes variés, j’ai finalement toujours écrit, même si c’était plus marqué à certaines périodes que d’autres.

En fait, j’ai écrit avant même de savoir le faire puisque j’inventais déjà des histoires : ma maman me lisait des bandes dessinées, et après, à partir des images, j’inventais ma propre narration ; à l’école primaire j’ai écrit une pièce de théâtre mythologique avec une de mes amies, et nous l’avons ensuite jouée devant la classe. Bien sûr, j’ai écrit mon journal intime d’adolescente. En plusieurs tomes aujourd’hui disparus, à moins qu’ils ne traînent au fond d’un carton au fond du grenier de mes parents. Des essais de romans. Le premier vers l’âge de dix ans. Il s’intitulait La Baby-sitter (à moins que ça ne soit La jeune fille au pair). Je me souviens d’une scène, après le repas, en vacances : je m’installe à la table, avec mon cahier et mon stylo, et j’annonce très sérieusement que je vais travailler à mon roman. Il y a cet autre roman, un peu plus tard, sous forme de journal intime, celui de la femme d’un navigateur parti faire le tour du monde à la voile. Je suis retombée dessus il y a une quinzaine d’années, mais je crois que je l’ai jeté. Il faut dire que c’était plutôt mauvais en soi, même si tout à fait honorable si l’on tient compte de l’âge que j’avais. Des petites nouvelles érotiques mettant en scène nos profs avec une amie, au lycée — j’ai toujours les siennes, je ne sais pas si elle a gardé les miennes. Il y a peut-être d’autres textes, mais je ne m’en souviens pas.

Il y a eu une brève interruption, celle des classes préparatoires et encore, j’écrivais des dissertations. Mais mes mémoires de maîtrise, de DEA, puis ma thèse, c’était écrire même si ce n’était plus de la fiction. Et enfin, la véritable écriture, le blog et tout le reste, une fois ma thèse achevée : depuis je n’ai pas arrêté.

Et à partir du moment où j’ai décidé (où j’ai pris conscience) que c’était ce que je voulais faire, que chaque matin je voulais me réveiller avec la joie de savoir que c’était mon vrai métier, écrire, m’émerveiller et partager, il y a eu peu de jours où les mots ne sortaient pas, que ce soit dans mes textes (dont un nombre infini juste de fragments), dans mon journal ou sur mon blog (je l’inclus parce que pour moi il a vraiment un rôle essentiel, il fait partie du tableau).

Evidemment, il y a des jours où c’est plus fluide que d’autres, mais ça finit toujours par sortir. Pourtant à un moment, j’ai éprouvé la nécessité d’ouvrir d’autres canaux de créativité : peindre, dessiner, coller, bricoler. Ça s’est fait suite à une crise existentielle (la fameuse crise de la quarantaine) qui m’a fait traverser des moments très compliqués, tout remettre en cause et donc chercher tous les moyens pour aller mieux, et aller mieux passait par savoir qui j’étais et laisser s’exprimer ce vrai moi. J’étais malheureuse dans ma vie personnelle parce que je ne comprenais pas pourquoi je n’arrivais pas à être en couple, je ne supportais plus mon travail alimentaire d’enseignante (vraiment plus) mais si j’écrivais tous les jours, si j’avais de nombreux projets, si j’écrivais « bien », au dire de tous ceux qui me lisaient, il me manquait toujours quelque chose d’essentiel : un éditeur.

Parce qu’écrire et ne pas être lu, c’est mieux que ne plus écrire du tout, mais c’est extrêmement frustrant. D’ailleurs, les échecs répétés à trouver un éditeur pour mon premier roman auraient pu complètement tarir la source et me décourager. Ça n’est pas arrivé, parce que je savais au fond de moi qu’à part écrire et créer tous les jours, rien (à part l’amour) ne pouvait me rendre heureuse.

Et que c’était non seulement ce que je voulais faire de ma vie, mais c’était ce que je devais faire.

A ce stade-là, écrire était à la fois ce qui me sauvait (ça me permettait de voir clair en moi et en ce qui se passait dans ma vie) mais c’était aussi la matérialisation de mon échec à faire ce que je souhaitais faire de ma vie, et être : ma plus grande joie et ma plus grande peine en même temps. Et surtout, je ne comprenais pas pourquoi ça bloquait, puisque j’étais faite pour ça. Et j’ai entrepris un gros travail sur moi-même, creusé, plongé, analysé, je me suis ouverte à la spiritualité, au développement personnel et en même temps, je me suis remise, comme quand j’étais enfant, à peindre, à dessiner, coller et tout un tas d’autres activités. Ça m’a permis d’ouvrir de nouveaux canaux, de créer sans enjeu et de lâcher prise (oups).

Un jour, ma psy m’a dit que l’écriture était ce qui m’avait sauvée : pas seulement parce que cela donnait un but, une direction à mon existence, que ça la rendait plus riche, mais aussi que cela me permettait d’être consciente de ce qui se passait en moi, et que cela m’aidait à avancer. Ecrire, mais pas seulement : tous mes bidouillages dans ce que j’appelle mon « journal poétique » sont absolument essentiel.

La créativité est souvent conçue comme un outil de développement personnel, voire un outil thérapeutique. Pour moi, ça va plus loin car je me rends compte que si la créativité m’a permis d’évoluer dans ma vie, d’apprendre à mieux me connaître, savoir qui j’étais et l’assumer pleinement, savoir dans quel monde je voulais vivre et contribuer (ce qui est l’objectif de ce qu’on appelle le « développement personnel »), certains outils du développement personnel m’ont permis aussi de développer ma créativité. C’est un flux qui marche dans les deux sens.

Le résultat, c’est la magie, c’est une vie plus riche sur tous les plans. Car au final la créativité, et c’est ma croyance fondamentale aujourd’hui, n’est pas seulement un passe-temps ou un loisir pour les uns et un métier pour les autres : c’est un style de vie. Elle imprègne tous les aspects du quotidien, de l’existence. C’est ce que j’appelle « habiter poétiquement le monde » : une manière d’être, une manière de considérer les choses, d’être attentif et disponible à ce qui nous entoure.

Être créatif, c’est être, pleinement, et faire de la magie. L’âme agit.

C’est cette expérience que je vous propose : pas de devenir « créateur professionnel » que ce soit écrivain, musicien ou peintre ou autre chose (même si c’est possible, évidemment), mais d’être créateur au quotidien et du quotidien, revenir à la source et avoir une vie plus riche et plus heureuse, grâce au « journal poétique ».  

*

C’est donc à un voyage que je vous invite : un voyage intérieur pour rentrer chez soi. Le vrai soi. Après cette expérience (car c’est une expérience), vous vous connaîtrez mieux, et votre quotidien sera plus profond : il sera poétique.  

Un voyage poétique qui se fera en plusieurs étapes ou escales. Mon projet est de vous proposer des livrets d’accompagnement au journaling sur des thèmes précis : la sensorialité, l’introspection, l’intuition, les émotions… et d’autres surprises (où vont me mener mes idées ?).